Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France - Tome 4

Le tome 4 de l'Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France (1923-1924) par l’Abbé Emmanuel Barbier, prêtre jésuite et théologien antimoderniste, examine l’impact de la Première Guerre mondiale et de ses suites sur l’Église catholique en France, ainsi que les évolutions des courants libéraux et sociaux dans le catholicisme entre 1914 et les débuts des années 1920. Ce volume, d’environ 600 pages, prolonge l’analyse des tensions entre la doctrine catholique et les idéologies modernes, dans un contexte marqué par les bouleversements de la guerre et l’émergence de nouveaux défis idéologiques. 

L'Abbé Barbier commence par analyser les conséquences de la Première Guerre mondiale sur l’Église et la société française. La guerre, en unissant temporairement catholiques et républicains dans l’effort national, a modifié les relations Église-État, mais n’a pas mis fin à l’anticléricalisme. L’auteur note que la mobilisation des prêtres et la souffrance partagée ont renforcé l’image patriotique de l’Église, mais les pertes humaines et matérielles ont affaibli ses structures, tandis que la société post-guerre s’ouvre à des idées plus radicales.  Il explore ensuite le rôle des socialistes catholiques dans la politique de l’après-guerre, en particulier les mouvements inspirés par le catholicisme social, comme le Sillon, qui cherchent à répondre aux inégalités sociales tout en intégrant des idéaux démocratiques. L'Abbé Barbier critique ces initiatives, qu’il juge trop influencées par le socialisme séculier, risquant de diluer la foi catholique dans des compromis idéologiques incompatibles avec la doctrine traditionnelle. 

L’auteur examine également les relations entre le mouvement républicain et l’Église après 1918. Malgré une détente temporaire due à l’Union sacrée, les républicains radicaux restent hostiles à l’influence catholique, maintenant la laïcité stricte héritée de 1905. Barbier déplore l’incapacité de l’Église à retrouver un rôle central dans la société, face à un État qui continue de marginaliser la religion.  Les défis idéologiques posés par le socialisme et le communisme, en pleine émergence après la Révolution russe de 1917, sont un point central. Barbier met en garde contre l’attraction exercée par ces idéologies sur certains catholiques, notamment les jeunes et les intellectuels, séduits par leurs promesses de justice sociale. Il insiste sur l’incompatibilité de ces doctrines matérialistes avec la vision catholique, qui privilégie la charité et l’ordre divin.  En conclusion, Barbier évalue les perspectives du catholicisme social et libéral dans le contexte européen. Il appelle à un renouveau spirituel fidèle à la tradition, rejetant toute compromission avec les idéologies modernes. Cet ouvrage, dense et engagé, s’adresse aux historiens et aux catholiques préoccupés par les défis de l’Église face à la modernité et aux bouleversements sociaux de l’après-guerre.