Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France - Tome 2

Publié entre 1923 et 1924, le deuxième tome de l'Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France par l’Abbé Emmanuel Barbier, prêtre jésuite et figure de l’antilibéralisme catholique, analyse l’évolution des courants libéraux et sociaux au sein du catholicisme français entre 1870 et 1914. Ce volume de 432 pages pose les bases d’une étude magistrale en six tomes, offrant une réflexion critique sur les tensions entre la doctrine catholique et les idéologies modernes.

L'Abbé Barbier commence par décrire le contexte historique et social de la France entre 1870 et 1914, période marquée par la consolidation de la Troisième République, la sécularisation croissante et les bouleversements sociaux liés à l’industrialisation. Il met en lumière les défis posés par l’anticléricalisme républicain, notamment après la défaite de 1870 et le Concile Vatican I, qui réaffirme l’autorité papale. Ce cadre prépare l’analyse des courants catholiques face à ces transformations.

L’auteur explore ensuite les origines du catholicisme libéral, un mouvement cherchant à réconcilier la foi avec les idéaux modernes de liberté, démocratie et progrès. Barbier critique ce courant, qu’il associe à une compromission avec le libéralisme philosophique et politique, incompatible avec la doctrine traditionnelle. Il retrace ses racines dans les idées de penseurs comme Lamennais et dans les efforts de certains catholiques pour s’adapter à la République, notamment sous l’impulsion de Léon XIII.

L’émergence du catholicisme social est ensuite examinée, avec l’apparition de mouvements comme le Sillon de Marc Sangnier, qui prônent une action sociale chrétienne pour répondre aux injustices de l’industrialisation. Barbier, tout en reconnaissant les intentions louables, met en garde contre les dérives idéologiques de ces initiatives, qu’il juge trop influencées par des idées démocratiques et laïques.Enfin, l'abbé Barbier analyse les premières réactions de l’Église face à ces courants, notamment à travers les encycliques de Léon XIII, comme Immortale Dei et Rerum Novarum, qui cherchent à guider les catholiques tout en condamnant les excès du libéralisme et du socialisme. Il souligne la vigilance du Saint-Siège face aux risques de dilution de la foi. La conclusion provisoire insiste sur la nécessité de préserver l’orthodoxie catholique face aux pressions modernistes, annonçant les développements des tomes suivants. Cet ouvrage, riche en détails historiques, s’adresse aux historiens et aux catholiques attachés à la tradition.