Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France - Tome 1

Le tome 1 de l'Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France (1923-1924) par l’Abbé Emmanuel Barbier, prêtre jésuite et théologien antimoderniste, se concentre sur les relations entre les catholiques et la République française, particulièrement autour de la loi de séparation de 1905. Ce volume, d’environ 400 pages, prolonge l’analyse du premier tome en examinant les tensions entre l’Église, les courants catholiques libéraux et sociaux, et l’État laïque.

L'Abbé Barbier débute par un historique des relations entre l’Église et l’État en France, retraçant l’évolution depuis le Concordat de 1801 jusqu’à la Troisième République. Il met en évidence l’hostilité croissante de l’État républicain envers l’Église, perçue comme un obstacle à la laïcisation. La loi de séparation de 1905, qui met fin au Concordat et instaure une laïcité stricte, est ensuite analysée. L'abbé Barbier dénonce ses conséquences, telles que la confiscation des biens ecclésiastiques, la restriction de l’influence religieuse dans l’éducation et la marginalisation des catholiques dans la vie publique, qu’il considère comme une persécution déguisée.

L’auteur explore les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les catholiques face à cette République anticléricale. Il s’interroge sur la possibilité pour les fidèles de soutenir, en conscience, un régime rejetant les principes chrétiens, notamment après le ralliement prôné par Léon XIII. Barbier met en lumière les divergences entre les catholiques monarchistes, attachés à la tradition, et ceux, influencés par le libéralisme, qui cherchent à s’adapter à la République. La position de l’Église face à la laïcité est examinée à travers les encycliques papales, comme Vehementer Nos de Pie X, qui condamne la loi de 1905. L'Abbé Barbier insiste sur l’incompatibilité entre la laïcité républicaine et la doctrine catholique, qui revendique un rôle dans la société. Il propose enfin des réponses pour les catholiques : renforcer l’éducation religieuse, s’organiser en associations cultuelles malgré les contraintes légales, et adopter une résistance spirituelle sans compromission avec les idéaux laïques. Il met en garde contre les dérives du catholicisme libéral, qu’il accuse de diluer la foi pour s’aligner sur les valeurs républicaines.

En conclusion, l'abbé Barbier appelle les catholiques à rester fidèles à l’orthodoxie et à préserver leur identité face à un État hostile. Cet ouvrage, dense et documenté, s’adresse aux lecteurs intéressés par l’histoire des relations Église-État et les défis du catholicisme face à la modernité.