Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France - Tome 3

Le tome 3 de l'Histoire du catholicisme libéral et du catholicisme social en France (1923-1924) par l’Abbé Emmanuel Barbier, prêtre jésuite et théologien antimoderniste, poursuit l’analyse des tensions entre l’Église catholique et la République française dans le contexte de la laïcisation et des évolutions sociales entre 1870 et 1914. Ce volume, d’environ 400 pages, se focalise sur les conflits exacerbés par la loi de séparation de 1905 et les défis posés par les courants libéraux et sociaux au sein du catholicisme.

L'Abbé Barbier commence par examiner les conflits entre l’Église et la République, soulignant l’antagonisme croissant sous la Troisième République. Il décrit comment les politiques anticléricales, notamment les lois sur l’éducation et l’expulsion des congrégations religieuses, ont marginalisé l’Église, perçue comme une menace par les républicains radicaux. Il analyse les résistances catholiques, souvent divisées entre ralliement à la République, encouragé par Léon XIII, et opposition farouche des traditionalistes.

L’auteur explore ensuite les répercussions de la loi de séparation de 1905, qu’il considère comme une rupture majeure. Cette loi, en mettant fin au Concordat, a entraîné la confiscation des biens ecclésiastiques, la suppression du budget des cultes et des restrictions sur les activités religieuses. Barbier dénonce ces mesures comme une tentative de reléguer la religion à la sphère privée, affaiblissant l’influence morale de l’Église sur la société française.

Le catholicisme social, représenté par des mouvements comme le Sillon, est ensuite analysé face à la modernité. Barbier reconnaît les efforts de ces groupes pour répondre aux injustices sociales de l’industrialisation, mais critique leur tendance à adopter des idées démocratiques et laïques, qu’il juge incompatibles avec la doctrine catholique. Il met en garde contre une sécularisation déguisée sous couvert d’engagement social.

L’influence du mouvement républicain sur le clergé est également abordée. L'Abbé Barbier déplore que certains prêtres, influencés par les idéaux républicains ou le catholicisme libéral, se soient éloignés de l’orthodoxie, créant des tensions internes au sein de l’Église. Il cite des exemples de clercs séduits par les notions de progrès et de liberté individuelle, au détriment de l’autorité ecclésiastique.

En conclusion,  l'abbé Barbier identifie les défis à venir pour l’Église catholique en France : maintenir la fidélité à la doctrine face aux pressions modernistes, renforcer l’éducation religieuse et résister à la laïcisation croissante. Cet ouvrage, rigoureux et engagé, s’adresse aux catholiques et aux historiens intéressés par les luttes idéologiques de l’époque, reflétant les préoccupations d’une Église confrontée à une société en mutation.