Publié en 1898, l’ouvrage de l’Abbé Charles Maignen, Études sur l’américanisme. Le Père Hecker est-il un saint ?, est une critique théologique et doctrinale du courant dit « américaniste » au sein du catholicisme, centré sur la figure d’Isaac Hecker, prêtre américain et fondateur des Paulistes. Maignen, prêtre français et théologien traditionaliste, s’inquiète des idées promues par Hecker et ses disciples, qu’il juge dangereuses pour l’orthodoxie catholique.

Dans l’introduction, Maignen contextualise l’américanisme dans le cadre des évolutions doctrinales aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, marquées par un désir d’adaptation du catholicisme au contexte démocratique et pluraliste américain. Le chapitre I explore la vie d’Isaac Hecker (1819-1888), ses écrits et son influence. Hecker, ancien rédemptoriste converti au catholicisme, fonda les Paulistes pour évangéliser l’Amérique, prônant une spiritualité active et adaptée à la modernité. Maignen examine ses textes, notamment sa biographie, pour en extraire les idées problématiques.

Le chapitre II analyse les idées américanistes, que Maignen définit comme un courant privilégiant l’action sur la contemplation et valorisant le pluralisme politique et religieux. Il critique cette approche comme un compromis avec le protestantisme et le libéralisme, éloignant l’Église de sa tradition. Dans le chapitre III, il met en garde contre une spiritualité trop individualiste, inspirée par Hecker, qui accorderait trop d’importance à l’intuition personnelle et à l’Esprit-Saint, au détriment de l’autorité ecclésiastique.Le chapitre IV traite de la réponse romaine, en particulier l’encyclique Testem Benevolentiae (1899) de Léon XIII, qui condamne les excès de l’américanisme, notamment l’idée que l’Église devrait s’adapter aux temps modernes en relâchant sa discipline. Maignen approuve cette intervention, y voyant une nécessaire clarification doctrinale. Les chapitres V et VI explorent les dérives du culte du progrès et de l’adaptation excessive aux idéaux modernes, que Maignen associe à une perte de la dimension surnaturelle du catholicisme.

Le chapitre VII pose la question centrale : Hecker est-il un modèle de sainteté ou une figure de déviation doctrinale ? Maignen conclut que, malgré la piété personnelle de Hecker, ses idées risquent de mener à une forme de catholicisme libéral incompatible avec la tradition. 

La conclusion appelle à une fidélité sans compromis à la doctrine catholique et à une vigilance face aux innovations théologiques.L’ouvrage, d’environ 406 pages, reflète les tensions entre tradition et modernité dans l’Église de l’époque. Maignen, farouche adversaire du libéralisme, s’adresse aux catholiques soucieux de préserver l’orthodoxie face aux influences modernes.