La vraie Jeanne d'Arc - Tome 5

Ce cinquième et dernier tome conclut l'enquête considérable menée par le P. Ayroles sur la figure de Jeanne d'Arc. Axé sur le procès, la passion et la mort, l'ouvrage assemble une masse de documents : dépositions de témoins laïcs et ecclésiastiques, rapports d'enquête, transcriptions des interrogatoires jour par jour, pièces de procédure, et pièces postérieures destinées à minimiser ou masquer la responsabilité des juges. Ayroles reconstitue la chronologie judiciaire depuis la constitution du tribunal jusqu'aux dernières séances et à l'exécution, en offrant une lecture attentive des textes et en signalant systématiquement les vices formels et les irrégularités procédurales.

Une large part du volume est consacrée aux témoignages — groupés, analysés et replacés dans leur contexte — : ceux des notables, des gardes, des médecins, des ecclésiastiques, des greffiers et des proches de la prisonnière. L'auteur expose point par point les contradictions, réticences, retournements et parfois la sincérité de certains déposants, afin d'évaluer la crédibilité globale du dossier accusateur.

Le cœur du livre présente ensuite l'instruction et le déroulement du procès : interrogatoires successifs (avec dates et résumés de contenu), sessions de délibération, rédaction des articles d'accusation, consultations doctrinales et interventions universitaires. Ayroles met en relief la manière dont certains articles furent composés, amendés ou présentés, et comment des pressions externes et des intentions politiques ont influencé la tenue de l'audience.

Le tome examine aussi les tentatives postérieures de blanchiment ou d'explication des acteurs du procès, les lettres de garantie, indemnités et autres manœuvres visant à protéger les coupables. Face aux lectures rationalistes de Michelet, Quicherat ou Henri Martin, l'auteur répond par une critique serrée : il réfute les simplifications, corrige les contresens factuels et rappelle la portée spirituelle de l'événement. La question centrale est posée avec force : Jeanne d'Arc est-elle martyre au sens propre ? Ayroles présente les critères canoniques et théologiques du martyre, les compare aux faits de la Passion johannique et conclut par une défense argumentée de son caractère martyrial.

Méthodologiquement, le volume combine philologie juridique et théologie : l'analyse textuelle des actes judiciaires est mise au service d'une reconstruction qui vise à restituer la vérité morale du dossier. Le ton est engagé mais appuyé sur un appareil documentaire dense ; l'ouvrage s'adresse aux historiens, aux théologiens et aux lecteurs désireux d'une lecture complète et argumentée du procès et de ses suites.