Histoire de France - Tome 16

Ce seizième tome de l’Histoire de France d’Amédée Gabourd s’attache au règne complexe et contrasté de Louis XV, depuis la Régence jusqu’aux années précédant la guerre de Sept Ans. L’auteur ouvre sur la minorité du roi et la Régence du duc d’Orléans (1715–1723), période marquée par les désordres financiers, les intrigues de cour et l’éphémère système de Law. À travers une analyse vivante et critique, Gabourd dépeint les tensions entre le Parlement, la noblesse et la régence, tout en évoquant les premières influences intellectuelles qui annoncent les Lumières.

La seconde période (1723–1726), correspondant au ministère du duc de Bourbon, révèle un pouvoir fragile et hésitant, miné par les intrigues et les querelles religieuses autour de la bulle Unigenitus. L’auteur montre comment cette courte phase de gouvernement prépare l’avènement du cardinal de Fleury, ministre habile et pacifique, qui rétablit l’ordre dans les finances et tente de maintenir la stabilité de la monarchie (1726–1743).

Gabourd consacre une large place à la politique étrangère sous Fleury : guerres de succession de Pologne et d’Autriche, équilibre européen, montée en puissance de la Prusse, diplomatie prudente et efforts de paix. Parallèlement, il décrit les tensions religieuses et les luttes du jansénisme, qui divisent le royaume et ébranlent l’unité morale de la France.

La quatrième période (1743–1748) s’attache à la guerre de Succession d’Autriche, marquée par les batailles de Dettingen et de Fontenoy, la gloire éphémère des armées françaises et les désordres de la cour. L’auteur évoque sans détour la vie privée du roi, ses faiblesses et la décadence morale de l’entourage royal, tout en soulignant les souffrances des provinces et les misères du peuple.

Enfin, Gabourd conclut ce tome par une vaste fresque intellectuelle et religieuse couvrant les années 1726 à 1763. Il s’attarde sur la montée de l’irréligion, les conflits entre le clergé et les parlements, la tentative de Damiens contre le roi, et surtout sur le mouvement philosophique. Voltaire, Diderot, d’Alembert, Rousseau et leurs disciples sont présentés comme les acteurs d’une « conjuration intellectuelle » qui sape les fondements spirituels du royaume. L’auteur oppose à cette effervescence critique la fidélité de l’Église et la persistance d’un idéal monarchique, encore vivant malgré les fissures sociales.

Par sa clarté, sa rigueur et sa profondeur morale, ce volume offre une synthèse magistrale de la France des Lumières naissantes, où la foi, la politique et la philosophie s’affrontent aux portes de la Révolution.