Histoire de France - Tome 17

Dans ce dix-septième tome, Amédée Gabourd aborde la France du dernier tiers du XVIIIe siècle, une époque où l’ordre ancien chancelle sous les coups conjugués de la philosophie, de la guerre et de la réforme. Le récit s’ouvre sur la fin du règne de Louis XV, déjà marqué par la guerre de Sept Ans et les désastres coloniaux qui privent la France du Canada et de l’Inde. L’auteur décrit avec gravité les fautes diplomatiques, les rivalités de cour, les intrigues autour de madame de Pompadour et du duc de Choiseul, et les souffrances du peuple, écrasé par les impôts et la décadence morale de la haute société.

Une place majeure est donnée à l’expulsion de la Compagnie de Jésus, événement dramatique que Gabourd considère comme un désastre spirituel et intellectuel. À travers une documentation précise, il retrace les persécutions des Jésuites au Portugal, en France et en Espagne, la complicité des cours et des philosophes, et la suppression finale décidée par Clément XIV en 1773. Ce chapitre, empreint d’émotion, illustre la fracture profonde entre l’Église et les puissances temporelles à la veille de la Révolution.

Le mouvement intellectuel du siècle, prolongement du tome précédent, occupe également une large partie de l’ouvrage. Gabourd évoque Buffon, Montesquieu, Condillac, les encyclopédistes, mais aussi les écrivains chrétiens et moraux comme Louis Racine, Gresset, ou Le Franc de Pompignan. À travers cette galerie d’esprits contrastés, il montre la France du XVIIIe siècle comme un champ de bataille idéologique où l’esprit critique remplace la foi et où la littérature devient une arme politique.

Le règne de Louis XV s’achève sur une atmosphère de désillusion. Les luttes avec les parlements, les deuils de la cour et la ruine des finances accentuent la décomposition de l’autorité monarchique. Gabourd analyse la montée du scepticisme, la perte du sens religieux et la lassitude d’un peuple prêt, sans le savoir encore, à accueillir la Révolution.

Avec l’avènement de Louis XVI en 1774, le récit prend un ton plus mesuré, presque d’espérance. Le jeune roi, sincèrement pieux et désireux de bien faire, s’entoure de ministres réformateurs comme Turgot et Necker. Gabourd décrit leurs efforts courageux pour assainir les finances, abolir les corvées et alléger la misère du peuple. Mais les résistances de la cour, les jalousies des privilégiés et les intrigues des parlements réduisent ces tentatives à néant.

L’auteur consacre ensuite plusieurs chapitres aux affaires extérieures : la guerre d’indépendance américaine, les succès diplomatiques de la France et la paix de Versailles (1783). Toutefois, derrière ces victoires apparentes, Gabourd pressent déjà la fragilité d’un régime miné de l’intérieur. La jeunesse de Marie-Antoinette, les maladresses du pouvoir, la corruption de la société et la propagation des doctrines révolutionnaires annoncent la crise imminente.

Par son ton moral et son regard catholique, Gabourd dresse un tableau poignant de la monarchie finissante : un roi vertueux mais impuissant, un peuple éclairé mais dévoyé, une Église persécutée mais fidèle. Ce tome marque la fin de l’ancien monde et prépare le lecteur à la grande rupture de 1789, que l’auteur abordera dans le tome suivant.