Encyclopédie Théologique - Tome 46

Publié en 1851 chez J.-P. Migne, ce dictionnaire de chimie et de minéralogie rédigé par L.-F. Jehan constitue un jalon important dans l’histoire des sciences au XIXe siècle. L’ouvrage, riche de 830 pages, ne se limite pas à l’exposé technique de la chimie minérale, végétale et animale ; il offre également une approche historique et philosophique, retraçant l’évolution de cette science depuis ses origines antiques, à travers le Moyen Âge, jusqu’aux développements modernes de son temps.

L’auteur s’attache à rendre la chimie accessible et intelligible, en conciliant rigueur scientifique et clarté pédagogique. On y trouve non seulement les bases théoriques, mais aussi les applications concrètes dans des domaines variés : médecine, industrie, arts et économie domestique. Cet équilibre entre théorie et pratique confère à l’ouvrage une valeur encyclopédique, en phase avec la vocation de l’Encyclopédie Théologique dirigée par l’abbé Migne.

Particulièrement remarquable est la place accordée à l’histoire des savants et chercheurs : chimistes et alchimistes, leurs biographies et une analyse critique de leurs travaux y sont présentées. Cette perspective met en relief les contributions décisives qui ont façonné la discipline, tout en soulignant les débats et controverses qui l’ont jalonnée. Le dictionnaire devient ainsi non seulement un outil de référence scientifique, mais aussi un témoignage précieux de l’évolution des idées et des découvertes.

Ce volume unique s’inscrit dans la vaste série de l’Encyclopédie Théologique, véritable monument éditorial du XIXe siècle, qui ambitionnait de couvrir de manière exhaustive toutes les branches de la science religieuse et de leur rapport avec les autres domaines du savoir. Ici, la science chimique est envisagée dans sa totalité, à la fois comme une discipline technique et comme une clé d’intelligibilité de la création, en harmonie avec la pensée religieuse de l’époque.

En intégrant des considérations philosophiques et spirituelles, L.-F. Jehan dépasse le cadre strictement scientifique pour situer la chimie dans une vision plus large de la connaissance humaine et de sa quête de vérité. Cette articulation entre science et foi illustre parfaitement l’esprit du projet de Migne : offrir aux lecteurs une compréhension globale des savoirs, sans dissocier le religieux du scientifique.

De par sa richesse documentaire et la variété des thèmes abordés, ce dictionnaire conserve aujourd’hui encore un intérêt historique et patrimonial certain. Il témoigne d’une époque où la science se construisait dans un dialogue constant avec les traditions intellectuelles et spirituelles, et où la diffusion du savoir était pensée comme un service à la fois éducatif et religieux.