Inquisition et libéralisme, avis doctrinal soumis à MM. Louis Veuillot, Albert Du Boys et le Cte de Falloux

Écrit au milieu du XIXe siècle, Inquisition et libéralisme de l’Abbé Jules Morel, prêtre catholique et fervent défenseur de la théologie traditionaliste, est un ouvrage concis, probablement d’environ 450 pages, qui aborde la tension entre les pratiques historiques de l’Église, notamment l’Inquisition, et l’essor des idées libérales. Structuré comme une série de réflexions doctrinales adressées à des figures catholiques éminentes – Louis Veuillot, Albert Du Boys et le Comte de Falloux –, ce livre défend l’autorité de l’Église face aux principes libéraux, en particulier ceux issus de la Révolution française. Le ton de l'abbé Morel est vif et polémique, cherchant à mobiliser les traditionalistes dans une période de bouleversements idéologiques.

Ouverture et contexte

Dans la préface, l'auteur pose le cadre de son propos : répondre à l’influence croissante du libéralisme, qu’il considère comme une menace pour la mission divine de l’Église. Il soutient que l’Inquisition, souvent décriée par les libéraux, doit être replacée dans son contexte historique comme un rempart de la foi.

Examen des figures et des idées

Morel s’adresse à Mgr de Ketteler, évêque allemand connu pour son engagement social, mais critique son flirt avec des idées modernes. Dans la section Liberté, Autorité, Église, il oppose la liberté libérale, qu’il juge anarchique, à l’autorité divine incarnée par l’Église. Il reproche à l’abbé Godard d’avoir défendu des positions ambiguës face aux idéaux révolutionnaires. Les Principes de 89 sont dénoncés comme incompatibles avec la doctrine catholique, Morel les associant à l’individualisme et à la sécularisation.  

Le Comte de Falloux, figure du catholicisme libéral, est critiqué pour son soutien à une conciliation avec la République, notamment à travers la loi Falloux sur l’éducation. Jules Morel s’attaque également au Parti catholique, qu’il accuse de compromission avec les idéaux modernes. Le vicomte de La Guéronnière, proche de Napoléon III, est visé pour ses écrits conciliants envers un régime impérial tolérant le libéralisme. La section Napoléon III et l’Italie condamne les politiques impériales qui, selon l'abbé Morel, affaiblissent l’autorité temporelle du Pape.

Dans le post-scriptum, Morel évoque Mgr Cruice et le défunt abbé Godard, regrettant leurs prises de position ambiguës ou leur manque de fermeté face au libéralisme. 

Message et portée  

Avec une plume incisive, l'abbé Jules Morel défend une vision intransigeante de l’Église, rejetant toute accommodation avec les idéaux libéraux. Cet ouvrage, destiné aux catholiques traditionalistes et aux intellectuels de son temps, reflète les débats brûlants autour de la place de l’Église dans une société en voie de sécularisation. Il se distingue par son appel vibrant à la résistance doctrinale, tout en restant ancré dans les controverses du XIXe siècle.