Incartades libérales de quelques auteurs Catholiques, laïques, prêtres, et religieux, signalées au Concile Œcuménique

L’Abbé Jules Morel, prêtre catholique et apologiste traditionaliste, publie au XIXe siècle Incartades libérales de quelques auteurs catholiques, laïques, prêtres et religieux, signalées au Concile Œcuménique, un ouvrage d’environ 500 pages qui dénonce les dérives libérales de certains penseurs catholiques. Structuré en introductions, lettres et sections thématiques, ce livre s’inscrit dans le contexte du Concile Vatican I (1869-1870), où l'abbé Morel cherche à alerter l’Église sur les idées qu’il juge contraires à l’orthodoxie, influencées par le libéralisme ambiant.

Point de départ : Contexte et intentions  

L'auteur ouvre avec une introduction générale, où il expose son objectif : identifier les écarts doctrinaux de figures catholiques séduites par les idéaux modernes de liberté et de progrès, qu’il considère comme des menaces pour la foi. L’introduction particulière précise le cadre du Concile Vatican I, moment clé pour réaffirmer l’autorité de l’Église face aux idées libérales. L'Abbé Morel s’inquiète de l’influence de ces idées sur des laïcs, prêtres et religieux, qu’il juge trop conciliants avec la modernité.

Focus sur l’Inquisition : Une défense controversée

Une série de huit lettres sur l’Inquisition forme le cœur de l’ouvrage. L'Abbé Morel y défend l’Inquisition, souvent critiquée par les libéraux, comme une institution nécessaire à l’époque pour protéger la foi contre les hérésies. Il répond aux accusations d’intolérance en contextualisant son rôle historique, tout en reprochant aux auteurs catholiques libéraux de céder à la pression des idées modernes en condamnant l’Inquisition sans nuance. Ces lettres, d’un ton polémique, visent à réhabiliter une vision traditionaliste de l’histoire ecclésiastique.

Critique des figures libérales

Morel passe ensuite à l’analyse d’auteurs catholiques spécifiques. Dans la section Ximénès et le Correspondant, divisée en deux parties, il critique les articles du journal Le Correspondant, accusé de promouvoir des idées libérales sous couvert de catholicisme. Il reproche à ce périodique de diluer la doctrine en s’adaptant aux valeurs républicaines.  

L’ouvrage s’attaque ensuite à des figures emblématiques :  

- Le Père Lacordaire et l’abbé Perreyve sont dénoncés pour leurs discours conciliants envers la modernité, notamment leur apologie de la liberté individuelle, que Jules Morel juge incompatible avec l’autorité de l’Église.  

- Le Père Gratry et la Révolution sont critiqués pour leur tentative de réconcilier catholicisme et idéaux révolutionnaires, perçus comme une trahison des principes chrétiens.  

- L’abbé Bouix et M. Th. Henri-Martin sont visés pour leurs écrits qui, selon Morel, flirtent avec des thèses libérales en matière de droit et de société.  

- Le Père Matignon et la liberté, en trois parties, est accusé de promouvoir une vision exagérée de la liberté, influencée par les philosophies modernes, au détriment de l’obéissance à la doctrine.

Message central et impact  

À travers une prose incisive, l'abbé Morel appelle le Concile Vatican I à condamner ces « incartades libérales » pour préserver l’intégrité de la foi. Son ouvrage, destiné aux évêques et aux catholiques traditionalistes, reflète les tensions entre l’Église et la modernité au XIXe siècle. Bien que répétitif dans sa structure, il se distingue par son ton direct et son ambition de rallier les fidèles à une vision intransigeante de la doctrine, face à un monde en pleine sécularisation.