Le progrès du libéralisme catholique en France sous le pape Léon XIII - Tome 2

Le tome 2 de Le progrès du libéralisme catholique en France sous le pape Léon XIII (1907) par l’Abbé Emmanuel Barbier, prêtre jésuite et théologien antimoderniste, approfondit l’analyse du libéralisme catholique sous le pontificat de Léon XIII (1878-1903), en se concentrant sur la démocratie chrétienne et le catholicisme progressiste. Ce volume, d’environ 600 pages, divisé en deux livres et des appendices, critique les mouvements qui cherchent à réconcilier la foi catholique avec les idéaux modernes, jugés par Barbier comme des dérives dangereuses pour l’orthodoxie.

Dans le Livre Deuxième : La démocratie chrétienne, l'abbé Barbier examine l’essor du Parti de la Démocratie chrétienne, un mouvement visant à appliquer les principes chrétiens aux questions sociales et politiques. Il analyse son lien avec l’encyclique Rerum Novarum (1891), où Léon XIII aborde la question ouvrière, encourageant l’engagement social des catholiques. Barbier, tout en reconnaissant l’importance de cette encyclique, craint que la démocratie chrétienne ne s’égare en adoptant des idéaux républicains ou socialistes. Il s’interroge sur le caractère confessionnel de ce mouvement, estimant qu’un parti politique catholique doit rester strictement fidèle à la doctrine. Les pèlerinages et congrès de la démocratie chrétienne, ainsi que l’encyclique Graves de Communi Re (1901) sur la démocratie moderne, sont scrutés pour leur ambiguïté, L'abbé Barbier y voyant un risque de compromission. Il critique également des journaux comme L’Univers et La Vérité française pour leur rôle dans la diffusion d’idées progressistes, notamment sous l’influence de rédacteurs libéraux.

Dans le Livre Troisième : Le catholicisme progressiste, l'abbé Barbier explore les tendances modernisantes au sein de l’Église. Il reproche à Léon XIII, malgré son autorité, d’avoir toléré des initiatives progressistes, comme le Congrès des religions de 1893, qui prônait un dialogue interreligieux jugé trop conciliant. Les congrès ecclésiastiques et l’émergence d’un « nouveau clergé », influencé par des idées libérales, sont dénoncés comme des vecteurs de relâchement doctrinal. Barbier critique aussi des projets comme celui de Madame Marie du Sacré-Cœur, qui promeut une spiritualité modernisée, et l’américanisme, condamné par Testem Benevolentiae (1899), pour son individualisme excessif. Il s’inquiète de l’évolution religieuse vers des formes de catholicisme adaptées à la modernité, incarnées par des figures comme l’abbé Lemire, député et promoteur d’un catholicisme social engagé. L'abbé Barbier voit en lui un modèle ambigu pour une papauté moderne, mêlant foi et politique républicaine.

En conclusion, l'abbé Barbier réaffirme son opposition au libéralisme et au progressisme catholiques, plaidant pour une fidélité intransigeante à la tradition face aux défis de la modernité. Les appendices complètent l’analyse avec des documents et références. Cet ouvrage, rigoureux et polémique, s’adresse aux catholiques traditionalistes et aux historiens intéressés par les luttes idéologiques de l’Église au tournant du XXe siècle.