Le progrès du libéralisme catholique en France sous le pape Léon XIII - Tome 1

Publié en 1907, le premier tome de Le progrès du libéralisme catholique en France sous le pape Léon XIII par l’Abbé Emmanuel Barbier, prêtre jésuite et théologien antimoderniste, analyse l’essor du libéralisme catholique en France entre 1878 et 1903, sous le pontificat de Léon XIII. Ce volume, d’environ 500 pages, critique les tentatives de réconciliation entre le catholicisme et les idéaux modernes, que Barbier juge contraires à la doctrine traditionnelle.

L'Abbé Barbier commence par retracer la naissance du libéralisme catholique au XIXe siècle, un courant cherchant à harmoniser la foi avec les principes de liberté, démocratie et progrès issus de la Révolution française. Il associe ses origines à des penseurs comme Lamennais, dont les idées, bien que condamnées, influencent certains catholiques. Sous Pie IX (1846-1878), l’Église adopte une posture défensive, marquée par le Syllabus (1864), qui rejette les erreurs modernes, dont le libéralisme. Barbier approuve cette rigueur doctrinale.

Avec l’arrivée de Léon XIII, l’auteur note un changement de ton. Le pape, tout en maintenant l’orthodoxie, encourage une approche plus conciliante, notamment via des encycliques comme Immortale Dei. Ce pragmatisme culmine avec le ralliement à la République française, prôné dans l’encyclique Au milieu des sollicitudes (1892), invitant les catholiques à accepter le régime républicain pour mieux défendre leurs intérêts. L'Abbé Barbier critique cette stratégie, y voyant un risque de compromission avec des idéaux laïques.

L’ouvrage identifie les figures clés du libéralisme catholique en France, comme Mgr Dupanloup et des intellectuels cherchant à adapter l’Église à la modernité. La presse catholique, divisée entre journaux traditionalistes et progressistes, reflète ces tensions. L'Abbé Barbier déplore l’influence des seconds, qu’il accuse de propager des idées libérales. Il examine aussi les premières oppositions antimodernistes, menées par des théologiens et fidèles attachés à la tradition, annonçant les combats de Pie X.

L’évolution de l’Action catholique, un mouvement visant à organiser les laïcs, est analysée. Barbier craint que certaines de ses branches, influencées par le libéralisme, ne s’éloignent de leur mission spirituelle. Il critique l’encyclique Au milieu des sollicitudes pour son ambiguïté, estimant qu’elle ouvre la porte à des interprétations libérales. Enfin, il reproche à certains évêques français d’avoir favorisé le libéralisme catholique, soit par conviction, soit par opportunisme.

Ce tome, dense et polémique, s’adresse aux catholiques traditionalistes et aux historiens, reflétant les inquiétudes d’une Église confrontée à la modernité sous Léon XIII. L'Abbé Barbier y défend une vision intransigeante de la foi, rejetant toute accommodation avec les idéaux républicains.