Histoire générale de l’église - Tome 26

Le vingt-sixième volume de l’Histoire générale de l’Église, par l’abbé J.-E. Darras, couvre l’un des tournants les plus vivants et les plus féconds du XIIe siècle. Il commence par les dernières années du pontificat du bienheureux Pascal II, et présente les concessions et controverses sur les investitures — point de friction majeur entre la papauté et l’empire. Darras déroule ensuite la lente résolution des conflits, les conciles de Latran et de Vienne (1112) et la série d’événements qui amènent Henri V en Italie et la soumission momentanée de l’empereur. Le livre explore la situation de l’Église en Espagne, la montée des communes en France, l’état de l’Église d’Angleterre et les hérésies contemporaines qui agitent Orient et Occident. L’analyse théologique n’est pas oubliée : le volume consacre une place aux débats philosophiques (réalistes et nominaux) et à la figure d’Abélard, dont Darras critique les égarements tout en replaçant son apport dans le contexte intellectuel du temps.

La place majeure du tome est cependant consacrée à l’essor de saint Bernard et à la réforme monastique qu’il incarne : de la fondation de Prémontré à l’essor de Cîteaux, la vie religieuse connaît un renouveau qui irrigue l’Europe entière. Le texte retrace la montée en puissance de l’abbé de Clairvaux, son action auprès des princes et des peuples, et sa profonde influence spirituelle dans la préparation et la conduite des croisades. Le pontificat de Calixte II (1119–1124) y est examiné en détail : élection, séjour en France, soumission d’Henri V et recherche d’unité catholique.

La série de chapitres consacrés à Innocent II, puis à Eugène III, présente la double face des croisades — inspiration spirituelle et exécution militaire — et Darras montre sans complaisance les revers et les erreurs commises en Orient, les rivalités des princes latins, mais aussi la vitalité des ordres militaires et hospitaliers. Le récit historique est accompagné d’une réflexion sur les effets durables de la réforme grégorienne et cistercienne, sur la théologie naissante (nominalisme naissant, questions scolastiques) et sur la structuration des royaumes chrétiens.

Enfin, ce tome étudie la mort de saint Bernard, les derniers développements du règne pontifical d’Eugène III, la préparation des futures figures (Thomas Becket fait son entrée dans le cadre politico-ecclésiastique), et les premiers signes d’une Europe qui se réorganise autour d’institutions ecclésiales renouvelées. Tout au long du volume, Darras combine érudition des sources, sens de la chronologie et regard théologique pour offrir une fresque complète — politique, spirituelle et culturelle — du premier XIIe siècle.