Histoire générale de l’église - Tome 09

Le neuvième volume de l’Histoire générale de l’Église par l’abbé J.-E. Darras examine l’immense transformation qu’opère la conversion de Constantin et la montée de l’Église impériale. Centré sur l’ère constantinienne (314–337) et la période immédiatement suivante, ce tome suit pas à pas les pontificats, les conciles et les controverses doctrinales qui façonnent l’Église du IVe siècle.

Darras ouvre sur le pontificat de saint Sylvestre I (314–335) et replace son action dans le grand mouvement politique et spirituel impulsé par Constantin : édification de basiliques, réforme du culte, et le rôle public nouveau des évêques. L’ouvrage analyse en profondeur la relation complexe entre l’empereur et l’Église — baptême de Constantin, fondations, et débats sur la « donation » impériale — tout en restituant les enjeux théologiques et pastoraux du temps.

Une large part est consacrée au développement de l’arianisme et au concile de Nicée. Darras présente les acteurs (Arius et ses opposants), le contexte intellectuel, les péripéties doctrinales et les conséquences canoniques et ecclésiastiques de ce concile fondamental. L’historien décrit également les tensions en Orient et en Occident : les Eusébiens, les exils, et la politisation des controverses.

Le volume suit ensuite les pontificats post-constantiniens — Marc, Jules I, et Liberius — et leurs épisodes marquants : mort de Constantin, mouvances eucébiques, premières persécutions orientales, conciles locaux, et l’exil d’Athanase. Darras reconstitue la chronologie des conciles ariens, les formules de Sirmium et la difficile défense de la foi nicéenne par les évêques fidèles.

Le récit ne délaisse pas la géographie de la foi : Constantinople, l’apparition de basiliques et de centres ecclésiaux, la propagation de la controverse en Gaule et en Afrique, ainsi que les réactions des docteurs de l’Église (comme Hilaire de Poitiers). À travers une documentation critique, Darras montre comment la conversion impériale, loin d’aplanir les difficultés, inaugure une phase nouvelle où le pouvoir séculier s’immisce dans la définition doctrinale et la vie ecclésiastique.

Enfin, le tome explore les problèmes de légitimité pontificale, l’épisode du pape Félix II et les questions de succession et d’autorité. L’auteur conclut par une mise en perspective de la période : naissance d’une Église impériale mais toujours en lutte pour l’orthodoxie, confrontation entre foi et politique, et préparation des grands affrontements théologiques du IVe siècle.

Ce neuvième tome est donc une synthèse érudite et passionnée de la transition entre clandestinité et affichage public du christianisme, indispensable pour comprendre les fondations théologiques et institutionnelles de l’Église chrétienne occidentale.