Histoire de France - Tome 2

Ce volume poursuit la vaste fresque nationale entamée par Laurentie et se penche sur les transformations politiques et sociales qui, du Xe au XIVe siècle, établissent progressivement la monarchie capétienne comme la colonne vertébrale de la France. L’ouvrage ouvre par la période troublée qui suit la fin des dernières dynasties mérovingienne et carolingienne, décrivant la lente affirmation d’Hugues Capet et les luttes d’influence qui accompagnent l’installation d’une royauté encore fragile. Laurentie s’attarde ensuite sur les débuts des véritables institutions monarchiques, la rivalité des grands féodaux et la façon dont la royauté, parfois par la force, souvent par l’appui de l’Église et des réformes administratives, cherche à pacifier et à civiliser le royaume.

La narration consacre une large place aux croisades : motivations religieuses et politiques, départs massifs, désordres et exploits, ainsi que les conséquences de ces expéditions sur la piété populaire, l’émigration des chevaliers et l’ouverture aux voyages outre-mer. Laurentie donne des récits vivants des campagnes, sans négliger les revers, la dispersion des armées et la création de royaumes latins en Orient.

Une partie importante est dédiée aux règnes exemplaires de Philippe-Auguste et de Louis IX. L’auteur décrit la mise au pas des grands féodaux, l’embellissement de Paris, la centralisation progressive du pouvoir royal, et les grandes batailles politiques et militaires — Bouvines, les sièges célèbres, les rapports avec l’Angleterre et l’empire. Philippe-Auguste apparaît comme l’artisan d’une royauté plus cohérente ; Laurentie souligne ses efforts pour imposer l’ordre et contenir l’arbitraire des seigneurs.

Sur Louis IX, l’ouvrage adopte un ton mesuré mais respectueux : Laurentie étudie l’action réformatrice du roi, sa politique de justice, l’organisation administrative qui se met en place (baillis, finances, règlements), ainsi que ses deux expéditions en Terre Sainte. Le livre combine récits de batailles et analyses institutionnelles pour montrer comment le « fait royal » s’impose face aux résistances locales et aux crises ecclésiastiques.

Les chapitres qui suivent décrivent le déroulement des XIVe et XIIIe siècles, les conflits avec l’Angleterre, la montée des tensions en Flandre, et les crises intérieures (affaires des templiers, tensions papales). Tout au long du volume, Laurentie mêle chronologie et digressions sur la vie religieuse, les hérésies, les pèlerinages et les mutations économiques et sociales : constructions, commerce, et évolution des mœurs. L’approche est celle d’un historien du XIXᵉ siècle : dense, érudite et documentée, avec parfois des jugements moraux qui reflètent les sensibilités de son temps, mais offrant surtout une synthèse utile pour comprendre la genèse de la monarchie française et la manière dont la mémoire médiévale a été construite au XIXᵉ siècle.

Conclusion : ce tome est une lecture précieuse pour qui cherche un récit structuré des grands épisodes médiévaux, associant détails militaires, enjeux politiques et considérations religieuses, utile aussi bien au chercheur qu’au lecteur curieux de l’histoire nationale.