Histoire de France - Tome 14

Ce quatorzième volume de l'Histoire de France d’Amédée Gabourd couvre une période décisive où Louis XIV, après la disparition de Mazarin, prend en main le gouvernement de la monarchie. Dès 1661, le roi choisit de gouverner sans premier ministre, affirmation solennelle d’un pouvoir personnel dont Gabourd suit pas à pas les effets sur l’administration, l’économie, la diplomatie et la vie sociale.

Gabourd consacre une large part de son récit à l’action de Jean-Baptiste Colbert : ses réformes fiscales et douanières, la protection des manufactures, l’organisation des chantiers navals et le développement du commerce colonial. L’auteur montre comment ces mesures technocratiques consolident l’appareil d’État et modernisent l’économie, tout en approfondissant le contrôle royal sur les corps intermédiaires.

L’affaire Nicolas Fouquet, magistralement reconstituée, occupe une place centrale. Depuis la magnificence de Vaux jusqu’à l’arrestation et le procès, Gabourd analyse la signification politique de la chute du surintendant : un signal adressé à la haute noblesse et aux finances publiques, prélude à une épuration des charges et au relèvement de l’autorité monarchique.

Sur le plan militaire et diplomatique, le tome retrace les guerres qui opposent la France à ses voisins : la guerre de Dévolution, les opérations en Flandre et aux frontières du Nord, la campagne contre la Hollande, puis les négociations de paix (Aix-la-Chapelle, Nimègue). Gabourd replace chaque campagne dans le cadre plus large des rivalités européennes, de la rivalité anglo-hollandaises aux enjeux de l’Empire et de l’Espagne.

L'auteur n’oublie pas les conflits d’ordre religieux et moral : la politique vis-à-vis des protestants, la lutte contre le jansénisme, les tensions avec le pape et la question de la régale. Il consacre aussi des pages aux affaires de cour — vies amoureuses, fêtes et rivalités — qui éclairent les volumes de la vie quotidienne et des mœurs de la haute société.

Gabourd raconte également les grandes crises intérieures, des émeutes aux révoltes locales, et s’attarde sur des épisodes spectaculaires tels que l’affaire des poisons et la création de juridictions spéciales (la Chambre ardente). Ces épisodes, plus que des scandales, témoignent de la fragilité des institutions face aux dérives sociales d’un siècle expansif.

Le rôle de personnages clefs — Colbert, Louvois, Condé, Turenne, Madame de Montespan, puis Madame de Maintenon — est présenté selon la perspective d’un historien soucieux de relier les événements aux transformations durables du pouvoir royal. Gabourd montre comment la centralisation, la réforme administrative et la puissance militaire ont permis à la monarchie d’affirmer sa suprématie.

En fin de volume, l’auteur dresse le tableau d’un roi désormais consolidé dans sa majesté : légitimation des enfants naturels, grandes fêtes, splendeurs de la cour et début d’un basculement moral et politique qui trouvera son expression dans les dernières années du règne. Le livre, riche en documents et appendices, offre également des renseignements géographiques, administratifs et militaires sur la France de l’époque, utiles au chercheur comme au lecteur curieux.

Fidèle à son ton édifiant, Gabourd mêle le récit politique et la réflexion morale, préférant montrer la continuité d’un pouvoir dessiné par l’histoire et la Providence. Ce tome XIV confirme la progression vers le Grand Siècle et permet de comprendre la consolidation d’un État moderne sous la figure de Louis XIV.