L'Initiation dans les Sociétés secrètes - L'Initiation maçonnique

L'ouvrage examine les rituels et le symbolisme des sociétés secrètes, en particulier de la franc-maçonnerie, et établit des rapprochements avec les initiations anciennes et les traditions occultes. Critique et polémique, le texte met en garde contre des influences occultistes et comporte des passages choquants qui appellent à la prudence.

Charles Nicoullaud propose une enquête systématique et provocatrice sur l’univers des initiations. L’ouvrage se divise en deux grandes parties : une première consacrée aux mystères antiques (notamment les mystères d'Isis) et une seconde dédiée à la franc-maçonnerie moderne. À partir de descriptions rituelles, de comparaisons symboliques et d’un large faisceau de témoignages et de documents, l’auteur cherche à montrer des filiations idéologiques et formelles entre les anciennes initiations et les rites maçonniques.

La lecture commence par un panorama des religions initiatrices et des épreuves rituelles qui formaient l’expérience initiatique antique : mise à l’épreuve, doctrine ésotérique, place des femmes dans les cultes et le sens de « l’arcane suprême ». Nicoullaud utilise ces éléments pour établir une grille d’interprétation des cérémonies modernes et propose que certains motifs (mort symbolique, renaissance, symbolisme alchimique) se retrouvent dans les ateliers maçonniques.

La seconde partie s’attache à la franc-maçonnerie : définition de l'institution, nature du secret, esprit des loges et analyse détaillée de symboles (notamment la lettre G) et des grades. L’auteur décrit les grades symboliques (Apprenti, Compagnon, Maître) puis les hauts grades (Rose-Croix, Chevalier Kadosch) et évoque aussi la franc-maçonnerie féminine et des grades rares ou marginaux — thèmes souvent présentés sous un angle alarmiste.

Le ton global est polémique et moral : la préface de l’abbé Jouin signale explicitement une lecture de l’ouvrage comme mise en garde, évoquant la possibilité d’une influence maléfique derrière certains rites. Nicoullaud n’hésite pas à porter des interprétations très fortes (parfois spéculatives) et à rapprocher la symbolique maçonnique d’éléments occultistes — alchimie, gnosticisme, illuminisme — selon une optique critique et religieusement engagée.

Méthodologiquement, le livre mêle description documentaire et interprétation interprétative : il cite sources historiques, rapports, brochures rituelles et témoignages contemporains, mais ses conclusions relèvent aussi d’un raisonnement polémique qui demande au lecteur discernement. Certaines descriptions et hypothèses peuvent choquer (éléments qualifiés de blasphématoires par la préface) ; la lecture exige donc esprit critique et mise en perspective historique.

Pour l’historien ou le lecteur intéressé par l’histoire des idées religieuses et le symbolisme, le volume offre une compilation de thèmes et de documents à exploiter — à condition de séparer rigoureusement faits documentés et interprétations spéculatives. Pour le lecteur religieux ou prudent, l’ouvrage sert surtout d’avertissement et de plainte contre des pratiques que l’auteur juge contraires à l’ordre chrétien.