La guerre de Cent ans : Jeanne d'Arc et les Dominicains

Dans cette étude historique d’une grande précision, le Révérend Père Marie-Dominique Chapotin entreprend de rétablir la vérité sur le rôle réel joué par les Dominicains durant la guerre de Cent Ans et dans les événements entourant Jeanne d’Arc. L’ouvrage s’ouvre sur une réflexion sur les raisons de cette publication, motivée par la nécessité de répondre à plusieurs accusations modernes jugées infondées ou mal interprétées. Chapotin explore ensuite l’ancienneté des liens entre la monarchie française et l’Ordre des Prêcheurs, rappelant les appuis constants offerts par les rois capétiens, puis par les princes de la maison de Valois et d’Anjou.

Une large section est consacrée à la figure controversée de Jean Petit, souvent présenté comme dominicain par certains historiens : Chapotin démontre, sources à l’appui, qu’il n’en fut rien. Il revient également sur l’idée selon laquelle les Dominicains auraient été favorables à la cause bourguignonne, examinant en détail les accusations de Siméon Luce. L’auteur montre que si certains religieux ont effectivement côtoyé des princes bourguignons, cela ne constitue ni une ligne politique de l’Ordre, ni une trahison envers la couronne.

Les chapitres consacrés au concile de Constance et à Martin Porée constituent un moment fort de l’ouvrage. Chapotin réfute la thèse d’une alliance secrète entre les Dominicains et Pierre Cauchon qui aurait mené à la condamnation de Jeanne d’Arc. Au contraire, il met en avant la présence de nombreux frères ayant soutenu la Pucelle ou ayant œuvré à la révision de son procès. Le rôle décisif du dominicain Jean Bréhal, promoteur de la réhabilitation, est notamment mis en valeur.

L’auteur conclut en montrant d’où proviennent les erreurs reprises par certains historiens modernes : de sources mal lues, d’interprétations hâtives ou d’un manque de connaissance des structures et des responsabilités internes à l’Ordre. Par son écriture claire, sa documentation solide et sa volonté de justice historique, Chapotin propose une lecture nuancée et documentée du rapport entre les Dominicains et la geste johannique. Cet ouvrage demeure une référence pour qui souhaite comprendre les interactions entre pouvoir royal, ordres religieux et enjeux politiques au XVe siècle.