Histoire apologétique de la papauté - Tome 6

Cet avant dernier tome de l’Histoire apologétique de la Papauté de Mgr Justin Louis Pierre Fèvre clôt magistralement l’ensemble de son œuvre. Après avoir défendu la mission du Saint-Siège dans l’Antiquité et le Moyen Âge, l’auteur consacre ce volume aux rapports complexes, souvent passionnés, entre la Papauté et la France. De Clovis à Napoléon, il retrace les grandes étapes d’une relation où l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel se sont souvent affrontés tout en demeurant unis par la foi et la tradition catholique.

Dès le premier chapitre, Mgr Fèvre rappelle la tradition française de respect envers la suprématie des papes et souligne que, malgré les tensions, les rois de France se sont toujours voulus fils aînés de l’Église. Il s’attarde ensuite sur la Pragmatique de Bourges et sur les fameuses « libertés de l’Église gallicane », qu’il examine à la lumière de l’histoire et du droit canon, montrant qu’elles furent souvent des concessions politiques plus que des principes doctrinaux.

Le cœur du volume s’attache aux XVIIe et XVIIIe siècles, lorsque les rapports entre Rome et la monarchie française se tendent autour de la question de la Régale et des Assemblées du clergé. Mgr Fèvre éclaire ces événements d’un jour nouveau, démontrant que la Papauté, loin d’être ennemie de la nation, en fut la gardienne spirituelle et morale, même au prix de douloureuses incompréhensions. Les affaires de la Corse, les ambassades, les querelles théologiques et les interventions pontificales sont autant de cas où il met en lumière la constance de la diplomatie romaine.

L’auteur consacre plusieurs chapitres remarquables à saint Louis, modèle du roi chrétien, à la question de la Révocation de l’édit de Nantes et au rôle exact du pape Innocent XI. Contre certaines thèses historiographiques, il démontre la fidélité de Rome à la liberté de conscience et à la mission pacificatrice de l’Église universelle. De même, il aborde avec précision les polémiques autour du gallicanisme et de ses excès, sans jamais confondre indépendance nationale et rupture doctrinale.

Enfin, Mgr Fèvre conduit son étude jusqu’à la Révolution française, la Constitution civile du clergé et le Concordat de 1801. Il montre comment, au milieu du tumulte des bouleversements politiques, la Papauté demeura le point fixe de la foi catholique, et comment Pie VII, par sa fermeté et sa charité, sut rétablir la paix religieuse en France. L’auteur conclut sur un vibrant hommage à cette double fidélité : celle du Saint-Siège à sa mission spirituelle, et celle de la France, malgré ses égarements, à son héritage chrétien.

Ce volume, empreint d’une haute tenue intellectuelle et d’un patriotisme catholique éclairé, constitue une synthèse précieuse sur l’histoire religieuse de la France. Par sa clarté, sa rigueur et sa profondeur, il demeure une référence pour comprendre les liens multiséculaires entre le trône et l’autel, entre Rome et la fille aînée de l’Église.