Histoire des dogmes dans l'antiquité chrétienne - Tome 3

Dans ce dernier tome de son magistral Histoire des dogmes, Joseph Tixeront conclut l’exploration de la pensée chrétienne ancienne en retraçant la fin de l’âge patristique, depuis les conciles du Ve siècle jusqu’aux débuts de la théologie carolingienne. L’auteur offre une synthèse d’une érudition rare, embrassant près de quatre siècles de débats, de crises et de clarifications doctrinales.

L’ouvrage s’ouvre sur une présentation de la théologie grecque postérieure à saint Cyrille et à saint Léon. Tixeront expose les grandes controverses christologiques : le nestorianisme, l’eutychianisme et les diverses formes du monophysisme, jusqu’aux conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, qui définissent définitivement la double nature du Christ. Le cinquième et le sixième concile œcuménique, en précisant la doctrine des deux volontés et des deux opérations, mettent un terme à des siècles de discussions sur la personne du Sauveur.

L’auteur analyse ensuite la théologie grecque des Ve au VIIe siècles dans toute son ampleur : la doctrine de la Trinité, l’anthropologie, la sotériologie et la vie sacramentelle, tout en montrant la continuité des traditions alexandrine et antiochienne. Un chapitre remarquable est consacré à saint Maxime le Confesseur, dont Tixeront salue la profondeur spirituelle et spéculative.

La seconde partie du volume se tourne vers l’Occident. Elle s’ouvre sur l’étude du semi-pélagianisme et du second concile d’Orange, puis explore l’évolution de la pensée latine après saint Augustin, marquée par Cassien, Fulgence, Césaire d’Arles et les grands auteurs du temps mérovingien. Le théologien décrit la lente maturation des doctrines sur la grâce, la Trinité, les sacrements et la vie de l’Église.

Une place importante est accordée à la controverse des images, qui agita l’Empire byzantin du VIIIe siècle et conduisit à la condamnation de l’iconoclasme. Tixeront en analyse les origines, les débats conciliaires et le triomphe définitif du culte des icônes au concile de Nicée II (787), tout en évoquant la réception de ces questions en Occident.

Le volume s’achève par une étude magistrale de la théologie de saint Jean Damascène, dernier grand docteur de l’Orient chrétien, et une présentation de la pensée latine sous Charlemagne, marquée par les premières controverses trinitaires autour du Filioque et l’adoptianisme espagnol.

Par la rigueur de ses analyses, la clarté de sa méthode et la richesse de ses sources, ce troisième tome clôt une œuvre monumentale où se déploie toute la genèse intellectuelle de la foi chrétienne. Avec lui s’achève l’âge patristique, qui a donné à la théologie catholique ses fondements doctrinaux et sa cohérence spirituelle.