De l'église gallicane dans son rapport avec le souverain pontife pour servir de suite à l'ouvrage intitulé Du pape
Joseph de Maistre

Publié en 1821, ce traité de Joseph de Maistre constitue l’un des textes majeurs de la pensée ultramontaine au XIXᵉ siècle. Il s’agit d’une œuvre de combat, écrite dans le prolongement de Du Pape, où l’auteur entreprend de démontrer que toute indépendance nationale de l’Église est non seulement une erreur théologique, mais une source de désordre spirituel et politique.
Dans la première partie, De Maistre retrace la genèse de l’esprit gallican, en remontant aux influences du calvinisme, du jansénisme et du rationalisme parlementaire français. Il expose comment ces courants, issus de la Réforme ou du rigorisme de Port-Royal, ont peu à peu affaibli le lien entre Rome et la France, préparant la rupture doctrinale et politique. L’auteur analyse également les figures emblématiques de cette opposition, notamment Pascal, dont il juge la pensée et le style à la lumière de la foi catholique.
Dans la seconde partie, il examine la fameuse Déclaration de 1682, par laquelle une assemblée du clergé français, soutenue par Louis XIV, prétendait limiter l’autorité pontificale. De Maistre en dévoile les fondements juridiques et les contradictions internes, démontrant qu’elle fut condamnée non seulement par Rome, mais aussi, à terme, par ses propres auteurs. Il montre comment l’illusion d’une Église nationale a conduit la France à une dépendance politique plus grande encore vis-à-vis du pouvoir civil.
Tout au long de l’ouvrage, le savant polémiste déploie un style incisif, parfois prophétique, pour défendre l’unité doctrinale et hiérarchique de l’Église universelle. Fidèle à son projet de restauration chrétienne, Joseph de Maistre y voit dans la soumission au Saint-Siège non pas une faiblesse, mais le principe même de la liberté et de la vérité catholiques.
Ce texte, dense et vigoureux, éclaire les tensions entre gallicanisme et ultramontanisme qui traverseront tout le XIXᵉ siècle. Il demeure aujourd’hui une lecture essentielle pour comprendre l’histoire religieuse et intellectuelle de la France moderne, à la croisée de la théologie, de la philosophie politique et de l’histoire ecclésiastique.
A propos de l'auteur
Joseph de Maistre (1753-1821) fut un penseur, diplomate et apologiste catholique savoyard. Témoins des bouleversements de la Révolution française, il développa une philosophie politique et religieuse fondée sur la souveraineté du pape, la valeur rédemptrice du sacrifice et la nécessité de l’autorité divine dans les institutions humaines. Son œuvre majeure, Du Pape, a profondément marqué la pensée contre-révolutionnaire et inspiré le renouveau ultramontain du XIXᵉ siècle.
Informations générales de l'ouvrage
Titre : De l'Église gallicane dans son rapport avec le souverain pontife
Auteur : Joseph de Maistre
Édition : Chez Vanlinthout et Vandenzande
Date de publication : 1821
Nombre de pages : 291
Genre : Théologie, Histoire religieuse, Politique ecclésiastique
Thèmes : Gallicanisme, Papauté, Jansénisme, Port-Royal, Louis XIV, Bossuet, Fénelon
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Table des matières
Livre premier — De l’esprit d’opposition nourri en France contre le Saint-Siège et de ses causes.
Chap. I. Observations préliminaires
Chap. II. Du calvinisme et des parlements
Chap. III. Du jansénisme – Portrait de cette secte
Chap. IV à X. Port-Royal, Pascal et les controverses religieuses
Chap. XI-XII. De la vertu dans l’Église et conclusion
Livre second — Le système gallican et la Déclaration de 1682.
Chap. I. Réflexions sur le règne de Louis XIV
Chap. II-III. L’affaire de la Régale et la Déclaration de 1682
Chap. IV-XI. Analyse critique des quatre articles gallicans
Chap. XII-XVII. Bossuet, Fénelon et la question de l’autorité ecclésiastique