L'imagination et les états préternaturels
Abbé F. Gombault

Fruit d’une formation philosophique exigeante et d’une culture théologique sûre, L’imagination et les états préternaturels situe l’imagination au cœur de l’économie psycho-physiologique de l’homme. Gombault adopte la perspective péripatéticienne-scolastique pour rappeler que l’image n’est pas une fantaisie sans loi : elle relève d’une faculté automatique qui travaille de concert avec l’intelligence et peut, selon les circonstances, servir la vérité ou prêter aux erreurs de jugement.
La première partie clarifie la place de l’imagination parmi les sens internes, en dégageant son siège, ses mécanismes et ses limites. L’auteur insiste : l’image fidèle ne dépasse pas la sensation, mais elle en peut reproduire la trame avec une précision déroutante, au point d’abuser celui qui ne sait pas la mesurer à la réalité externe.
Dans le parallèle serré entre troubles psychophysiologiques et phénomènes extraordinaires, Gombault distingue illusions, rêves et hallucinations, puis examine apparitions et visions (imaginaires, symboliques, intellectuelles) à l’aide d’indicateurs spirituels, moraux et physiologiques. L’objectif n’est pas de tout expliquer par la pathologie, ni de baptiser trop vite l’extraordinaire, mais d’établir des notes de discernement qui permettent d’avancer sans crédulité ni scepticisme.
Les chapitres consacrés à l’extase opposent l’extase naturelle et ses dérives à l’extase surnaturelle, que l’Église admet et évalue avec prudence. De même, la question de la possession est abordée avec une érudition historique qui réfute les caricatures : des critères intellectuels, physiques et moraux sont proposés, ainsi que la valeur théologique des libérations obtenues par des moyens extraordinaires.
Contre la réduction de la sainteté à une névrose, l’auteur décrit la volonté informée par la grâce comme principe de la vie héroïque. La vertu héroïque ne se mesure ni aux seuls phénomènes, ni à l’exaltation passagère, mais à la permanence des actes sous l’esprit de foi, de charité et d’espérance.
La troisième partie traite des effluves lumineux et des splendeurs surnaturelles, en confrontant les récits mystiques aux thèses occultistes et aux expérimentations contemporaines (photographies, déviations d’aiguille aimantée, théories de fluide). Gombault discerne la portée spirituelle de ces « lumières » et refuse les explications hâtives.
Viennent ensuite des analyses sur la lévitation et d’autres phénomènes annexes. L’auteur passe au crible les hypothèses en vogue (polarité humaine, courants électriques, entités, désincarnés) et rappelle les exigences d’une causalité adéquate, ainsi que la valeur théologique des faits lorsque des signes convergents sont établis.
Dans la quatrième partie, un parallèle précis est proposé entre thérapeutique suggestive et guérison miraculeuse, avec des règles pratiques pour discerner ce qui relève de l’imagination (notamment dans les maladies nerveuses) et ce qui manifeste une action qui dépasse l’ordre naturel. Les critères portent sur l’instantanéité, la complétude et la durabilité des guérisons.
Enfin, la cinquième partie aborde télépathie, bilocation et lucidité. Les constructions théoriques de l’occultisme (double fluidique, extériorisations de sensibilité et de motricité) sont discutées à la lumière de saint Thomas et des auteurs mystiques. La doctrine classique est convoquée pour distinguer une action psychique à distance hypothétique des phénomènes véritablement surnaturels, où Dieu peut élever la nature sans la détruire.
Par son style méthodique, sa documentation et sa fidélité à l’enseignement catholique, ce volume fournit au lecteur contemporain une grille de lecture équilibrée : ni crédulité, ni dénégation systématique, mais un discernement enraciné dans l’anthropologie réaliste et ouvert à l’examen scientifique honnête.
A propos de l'auteur
L’abbé F. Gombault, prêtre du diocèse de Blois et docteur en philosophie, appartient à cette génération qui a articulé la psychologie naissante et la tradition scolastique. Son Imagination et les états préternaturels a été distingué par l’Institut Catholique de Paris (Prix Hugues 1899), signe de la reconnaissance accordée à une démarche rigoureuse de discernement des phénomènes extraordinaires dans le cadre de l’anthropologie chrétienne.
Informations générales de l'ouvrage
- Titre : L'imagination et les états préternaturels 
- Sous-titre : Étude psycho-physiologique et mystique 
- Auteur : Abbé F. Gombault 
- Éditeur : Delhomme & Briguet 
- Lieu / Année : 1883 
- Pages : 649 
- Thèmes : Psychologie, Mystique, Discernement, Démonologie 
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Table des matières
- Introduction 
Accord entre psychologie et biologie ; rôle de la philosophie péripatéticienne-scolastique ; définition de la vraie psychologie ; division de l’ouvrage.
- Première partie — L’imagination en elle-même 
Ch. I — Sens internes et externes ; existence et nécessité de l’imagination.
Ch. II — Siège de la faculté imaginative ; mécanisme ; collaboration avec l’intelligence.
Ch. III — L’image, écho affaibli de la sensation ? Fidélité et limites.
- Deuxième partie — Troubles psychophysiologiques et phénomènes préternaturels 
Ch. I — Hallucinations ; apparitions et visions ; distinctions et valeur théologique.
Ch. II — Extase physiologique et extase surnaturelle ; notes et critères.
Ch. III — Possession : signes intellectuels, physiques, moraux ; histoire et discernement.
Ch. IV — Névrose et idée de la sainteté ; vertu héroïque et vie mystique.
- Troisième partie — Phénomènes complémentaires de l’extase 
Ch. I — Effluves lumineux ; splendeurs surnaturelles ; examen critique des thèses occultistes.
Ch. II — Lévitation ; hypothèses naturalistes et portée théologique.
- Quatrième partie — Imagination et modifications corporelles 
Ch. I — Thérapeutique suggestive et guérison miraculeuse ; critères de discernement.
Ch. II — Imagination, dermographisme et stigmatisation ; caractères distinctifs des plaies sacrées.
- Cinquième partie — Action imaginative à distance et phénomènes préternaturels 
Ch. I — Phénomènes télépathiques et bilocation ; doctrines thomistes et débats contemporains.
Ch. II — Lucidité ; hypothèses occultistes et évaluation thomiste.
Conclusion