Les précurseurs de la franc-maçonnerie au XVIe et au XVIIe siècle

Dans cet ouvrage concis mais dense, Claudio Jannet explore les sources intellectuelles, religieuses et occultes de la franc-maçonnerie, en retraçant leurs origines aux XVIe et XVIIe siècles. Il met en lumière les influences manichéennes, templières, humanistes et judaïques, et souligne leur caractère antichrétien et naturaliste.

Publié en 1887, cet essai de Claudio Jannet se présente comme une enquête historique visant à remonter aux racines idéologiques et spirituelles de la franc-maçonnerie moderne. L’auteur, dans une perspective catholique et apologétique, examine une série de courants hétérodoxes et de mouvements philosophiques qui, entre le XVIe et le XVIIe siècle, ont préparé le terrain à l’essor maçonnique du XVIIIe siècle.

Jannet commence par analyser les survivances doctrinales issues du manichéisme et de l’ordre du Temple, soulignant la continuité entre ces traditions et certaines pratiques ou idées des loges. Il étudie ensuite les rapports des premiers francs-maçons avec les anciennes corporations de bâtisseurs anglais (freemasons) et allemands (steinmetzen), tout en montrant comment le caractère corporatif a progressivement cédé la place à une orientation philosophique et naturaliste.

Les chapitres consacrés aux Rose-Croix, aux sodalités socratiques, à Spinoza et à Bacon, illustrent le rôle joué par l’ésotérisme, le panthéisme et les utopies rationalistes dans la constitution d’un système de pensée détaché de la Révélation chrétienne. L’auteur met également en lumière la propagande antisociale et antichrétienne du XVIIe siècle, ainsi que la diffusion des doctrines sociniennes et déistes dans plusieurs pays européens.

Des sections importantes sont consacrées au rôle du judaïsme dans la société chrétienne à l’époque moderne, et à l’influence de penseurs et financiers juifs dans l’essor des réseaux maçonniques du XVIIIe siècle. Jannet replace ces éléments dans le contexte plus large de la Renaissance païenne et de l’humanisme italien, qu’il voit comme des préparations à la sécularisation.

L’ensemble forme un tableau polémique et documenté, où se mêlent érudition historique, références aux archives et jugement moral. L’ouvrage se lit à la fois comme un avertissement et comme une synthèse de travaux anti-maçonniques du XIXe siècle, inscrivant la franc-maçonnerie dans une histoire longue d’opposition aux principes chrétiens.