Les erreurs du Sillon

Publié en 1911, Les erreurs du Sillon par l’Abbé Emmanuel Barbier, prêtre jésuite et théologien antimoderniste, est une critique virulente du mouvement Le Sillon, fondé par Marc Sangnier, et de ses idées, jugées hérétiques et dangereuses pour l’orthodoxie catholique. Ce volume, d’environ 400 pages, divisé en trois parties, analyse les dérives religieuses, sociales et comportementales du Sillon, un mouvement de démocratie chrétienne visant à concilier catholicisme et idéaux modernes. Barbier s’appuie sur la condamnation du Sillon par Pie X dans la lettre Notre charge apostolique (1910) pour dénoncer ses erreurs.

Première partie : Erreurs religieuses

L'Abbé Barbier commence par accuser Marc Sangnier de se présenter comme un « nouveau Messie » doté d’une mission providentielle, une prétention qu’il juge orgueilleuse et contraire à l’humilité chrétienne. Il critique les doctrines novatrices du Sillon, qui mettent l’accent sur une spiritualité immanente et une autonomie individuelle excessive, proches du modernisme condamné par l’Église. La théologie de Sangnier est dénoncée pour son ambiguïté, notamment son interprétation subjective de la foi, qui minimise l’autorité ecclésiastique et flirte avec des idées hétérodoxes.

Deuxième partie : Erreurs sociales

Barbier examine les conceptions sociales du Sillon, centrées sur l’idée d’une « Cité future » fondée sur la fraternité et la démocratie. Il reproche à cette vision utopique de négliger l’ordre divin et de s’inspirer d’idéaux séculiers. Le Sillon est accusé de promouvoir un « règne de Dieu sur la terre » qui s’écarte de l’eschatologie catholique traditionnelle. Sur les questions économiques, Barbier critique l’approche du Sillon face à la propriété, au patronat et au salariat, ainsi que son soutien aux syndicats dits « jaunes », perçus comme trop conciliants avec le capitalisme. Il dénonce également le théâtre de Sangnier, utilisé pour diffuser ses idées, comme un outil de propagande laïque. Enfin, Barbier reproche au Sillon de s’éloigner de l’enseignement social de l’Église, notamment celui de Rerum Novarum, en adoptant des positions trop progressistes.

Troisième partie : Erreurs de polémique et de conduite

L'Abbé Barbier accuse le Sillon de pharisaïsme, reprochant à Sangnier et ses partisans une attitude moralisatrice et un sentiment de supériorité. Il déplore la division que le mouvement crée parmi les catholiques, en opposant les progressistes aux traditionalistes, affaiblissant ainsi l’unité de l’Église. Enfin, il impute au Sillon une mauvaise foi dans ses méthodes, l’accusant de manipuler les faits pour justifier ses positions et de manquer de loyauté envers l’autorité ecclésiastique.

En conclusion, l'abbé Barbier affirme que le Sillon, par ses erreurs religieuses, sociales et comportementales, représente une menace pour la foi catholique. Il appelle à une fidélité stricte à la doctrine et à la hiérarchie de l’Église, en écho à la condamnation papale. Cet ouvrage, polémique et rigoureux, s’adresse aux catholiques traditionalistes et aux historiens, reflétant les tensions entre modernité et orthodoxie au début du XXe siècle.